jeudi 11 septembre 2014

Alignement botanique ...

Je m'étais d'abord proposé de ne comprendre dans cet ouvrage que les arbres les plus communs de nos forêts, ou ceux qui sont d'une plus grande consommation : tels sont le Chêne, l'Orme, le Noyer, le Hêtre, le Châtaignier, etc. Mais comme il n'y a point d'arbre qui n'ait son utilité particulière, j'ai cru devoir étendre mes vues sur tous ceux qui se trouvent dans les bois, dans les parcs et même dans les jardins des différentes provinces du Royaume. Quoiqu'au moyen de cette addition mon ouvrage ait acquis beaucoup d'étendue, je crois qu'on l'aurait jugé incomplet, si je l'avais borné aux arbres naturels à la France. Pourquoi effectivement refuser de s'enrichir des arbres du Canada, de l'Isle Royale [cette péninsule qui sépare les lacs Supérieur, Michigan et Huron], de la côte de Virginie, de Boston, et de tant d'autres pays où les hivers sont autant ou plus rigoureux qu'en France. Nous savons par une longue expérience que la plupart des arbres réussissent très bien au Jardin du Roi, à Trianon, à Saint-Germain-en-Laye chez M. le Duc d'Ayen, chez M. le marquis de la Galissoniere, près de Nantes; en Bourgogne chez M. de Buffon; à Malesherbes dans le Gâtinais; dans nos jardins près de Pithiviers, et même dans nos campagnes, où nous n'avons pas hésité d'en placer un assez grand nombre. Enfin ces expériences se trouvent répétées dans la plupart des provinces du Royaume; car le goùt de la culture des arbres s'est beaucoup étendu, et il est en quelque façon anobli, depuis que des personnes de la plus haute distinction ont donné la préférence à ce genre de curiosité sur celui des fleurs. Ces succès ne semblent-ils pas annoncer que les arbres dont on reconnaîtra l'utilité pour les arts, ou pour la décoration des jardins, pourront se naturaliser dans le Royaume? Le Faux acacia et le Marronnier d'Inde nous en fournissent des exemples, ainsi que l'Ébénier ou Cytise des Alpes, qui était rare dans plusieurs provinces, quand nous avions commencé à nous livrer à la culture des arbres, et qui est maintenant commun. J'ai donc cru devoir comprendre dans mon ouvrage les arbres étrangers qui peuvent supporter la rigueur de notre climat, et s'élever en pleine terre avec presque autant de facilité que les arbres qui croissent naturellement da nos bois ; mais j'ai évité de parler des arbres des pays chauds, qui ne peuvent se passer des serres chaudes et des orangeries, afin de ne point m'écarter mon principal objet, qui est l'utilité. C'est dans la vue d'engager mes compatriotes à cultiver et à multiplier les arbres qui pourront être avantageux aux Arts, que je me suis proposé de les faire connaître plus particulièrement.
(Henry-Louis Duhamel du Monceau, Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en pleine terre, 1755)

Diospyros lotus 


Un alignement de Diospyros lotus dans le jardin botanique de Lisbonne ... et puis quoi encore !!!





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