vendredi 12 octobre 2012

Cézanne le faussaire ...

La ville n’était pas jolie. Ses bâtisseurs, pour la plupart, avaient choisi le tape-à-l’œil. Peut-être avec un certain succès au début. Le temps passant, les hauts fourneaux, dont les cheminées de brique se dressaient au sud, devant une montagne morne, avaient tout rendu uniformément crasseux en le recouvrant d'une suie jaunâtre. Le résultat était une ville laide de quarante mille habitants, nichée dans une gorge laide, entre deux montagnes laides entièrement souillées par l'exploitation de la mine. Tendu au-dessus de la ville, un ciel brouillé semblait monter des hauts fourneaux. Le premier policier que je vis avait une barbe de trois jours. Le deuxième portait un uniforme défraîchi auquel manquaient deux boutons. Le troisième, planté au milieu du carrefour principal, à l'intersection de Broadway et de Union Street, réglait la circulation, cigare au bec. Je cessai ensuite de les passer en revue.
(Dashiell Hammett, Red Harvest, 1927)
Malagar - "paysage le plus beau du monde"

Jas de Bouffant aujourd'hui et peint par Cézanne

Je vous le dis tout net! Paul Cézanne est un faussaire ... Non seulement un faussaire mais en plus, il démolit sans vergogne une théorie qui m’est chère … le jardin est l’oeuvre et non le plan ou le tableau qui le représente … Or, au Jas de Bouffant, Cézanne nous démontre, avec ce génie incomparable, exactement le contraire … La représentation devient l’oeuvre … A moins que ce soit le fait du propriétaire … Mauriac dit à propos de Malagar "Tant pis ! J’oserai dire ce que je pense : paysage le plus beau du monde, à mes yeux... " Nul ne peut se substituer au regard amoureux du propriétaire … propriétaire avec des souvenirs d'enfances … Alors comment intervenir ou bien même visiter un tel lieu ? … Comment ressentir la beauté absolument pas évidente du Jas de Bouffant ? Se mettre dans la peau et les yeux de Cézanne ?? Mission impossible pour un simple mortel … Que ce soit à Malagar, au Jas de Bouffant, nous ne sommes que des spectateurs aveugles se débattant dans une ignorance visqueuse face à une oeuvre qui n’appartient qu’au regard d'un seul ...

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